Hautes-Alpes : Gap, acheter un terrain agricole plus cher oui, désamianter les écoles non

Hautes-Alpes : Gap, acheter un terrain agricole plus cher oui, désamianter les écoles non

POLITIQUE / La municipalité a voté, en septembre dernier, l’acquisition de 67 hectares de terres agricoles pour préserver « la ceinture verte » à 2,1 millions d’euros… soit 30 % de plus que le prix estimé par France Domaines. Dans le même temps, l’opposition se voit refuser des travaux de désamiantage dans des écoles par précaution

 

- Hautes-Alpes - 

« Inquiétant », « anti-démocratique », l’action du maire de Gap durement critiquée par le monde agricole. Roger Didier a pour projet d’acquérir un terrain de plus de 67 hectares. L’objectif de l’élu : « conserver les surfaces agricoles ». Mais le projet divise depuis le conseil municipal de fin septembre, voire inquiète : le maire veut en effet acquérir ce terrain 500.000 euros plus cher que le prix estimé, ce qui ferait flamber le foncier agricole.

 

Un contrôle de légalité demandé par les trois groupes d’opposition municipale

Un peu plus de 67 hectares de terres agricoles qui mettent le feu aux poudres sur Gap. Un terrain, situé au lieu-dit « Cristayes » qui ne servirait, selon la municipalité, qu’à « conserver une ceinture verte » autour de la ville. Premier point d’achoppement du côté de l’opposition municipale. C’est un « faux prétexte » selon Marie-José Allemand, de « Gap Autrement », « il a besoin d’un lieu pour stocker les boues de la station d’épuration. Aujourd’hui, l’abattoir de Gap ne peut être livré si les boues sont à proximité ».

Les trois groupes d’opposition ont saisi le préfet des Hautes-Alpes, lui demandant un contrôle de légalité pour casser la délibération. Car ce terrain de 67 hectares a été estimé très précisément 1.624.200 euros par France Domaines. Sauf que Roger Didier a lui proposé de l’acquérir… 2.100.000 euros, soit 30 % de plus, « il nous a dit que France Domaines s’était trompé » poursuit la conseillère municipale.

 

31.000 euros l’hectare contre 10.000 euros au tarif normal

Ce serait alors un peu plus de 31.000 euros l’hectare alors que la SAFER dans les Hautes-Alpes estime que 10.000m² d’une bonne terre mécanisable à Gap valent environ 10.000 euros. Un second point d’achoppement qui a éveillé l’indignation de la Confédération Paysanne.

 

« Le risque, c’est que cela devienne un tarif de référence », Confédération Paysanne

 

On craint tout simplement que le maire Roger Didier ne fasse exploser le foncier agricole. « Cela veut dire que toutes les autres terres peuvent avoir ce prix-là, donc une surenchère et une incapacité pour les futurs paysans à acquérir dans le Gapençais », explique Anne Ait Touati, co porte-parole. Le garde-fou des terres agricoles, la SAFER, indique sur Alpes 1 avoir entamé des discussions avec la Ville, mais pour l’heure, aucun achat ne lui a été notifié. De son côté, la municipalité explique qu’une communication du maire n’interviendra pas avant le 5 décembre.

 

Le terrain agricole acheté plus cher, mais des travaux de désamiantage par précaution refusés dans trois écoles

Une acquisition à 500.000 euros plus chère encore moins comprise par l’opposition municipale qui s’est vue refuser lors du même conseil municipal le désamiantage, par précaution, de trois écoles : Beauregard, Anselme Gras et la Gare. Le coût a été évoqué par la municipalité pour expliquer le refus, « nous avons un budget de travaux de 25 millions d’euros très contraint » avait expliqué le maire en septembre dernier, « et certaines parties d’amiante sous des carrelages ou dans des joints sont encapsulés, donc il n’y a pas de danger imminent ». « La réorientation des crédits sur des travaux énergétiques a fait abandonner à l’instant le désamiantage. Mais si besoin, nous le ferons », avait alors précisé la municipalité. Incompréhensible pour l'opposition qui ne comprend toujours pas où se situe la boussole politique de Roger Didier...

 

C. Cava Michard