Hautes-Alpes : après les intempéries, « il y a urgence à revoir la loi sur l’eau »

Hautes-Alpes : après les intempéries, « il y a urgence à revoir la loi sur l’eau »

POLITIQUE / Alors que les élus du Conseil Départemental étaient réunis en plénière ce mardi, l’état des lieux des intempéries de vendredi dernier a été réalisé. Entre 150.000 et 200.000 euros vont être mis sur la table par le Département pour des travaux d’urgence, qui pourraient être emportés par une prochaine crue. Car la loi sur l’eau ne permet plus de curer les torrents

 

- Hautes-Alpes - 


Quand l’eau bouillonne, les élus grondent. Surtout quand la loi sur l’eau ne leur semble plus adaptée. C’était une plénière teintée de blanc ce mardi au sein du Conseil Départemental des Hautes-Alpes. Du blanc des neiges de glace qui se sont abattues vendredi dans les torrents, entrainant routes et digues. Gaëlle Moreau, la conseillère départementale également maire de Vallouise-Pelvoux, a dû déclencher son plan communal de sauvegarde, « j’ai évacué 160 personnes, mes digues centenaires n’ont pas tenu. La départementale est tombée dans le torrent à plusieurs endroits. J’ai perdu une partie de mon parking centre-bourg. Une canalisation d’eau potable desservant 300 foyers a été emportée ».

Une plénière teintée de rouge, de celle de la colère des élus qui ne comprennent plus la loi sur l’eau. C’est cette dernière qui interdit de toucher au lit d’une rivière, par souci écologique. Les maires ne peuvent donc plus procéder au curage des torrents et les matériaux s’accumulent. « C’est une belle loi sur le papier, elle nous permet d’avoir de beaux dessins dans les études où les torrents divaguent », réagit Gaëlle Moreau. Mais pour la conseillère départementale de l’Argentière la Bessée, la réalité est toute autre, « nous sommes un territoire communal sous trois glaciers et un lac qui apporte de l’eau et des matériaux en grande quantité quotidiennement ». 

 

« Quelle est la responsabilité de l’État ? », G. Moreau

 

L’élue haut-alpine demande des comptes à l’État alors qu’elle a vécu trois crues en l’espace de moins d’un an, « avec à chaque fois des travaux qui ne durent pas dans le temps ». Des travaux que la commune doit payer « alors que les entreprises TP sont prêtes à venir gratuitement effectuer le curage si elles ont la possibilité de récupérer les matériaux. Je demande que nous obtenions l’autorisation permanente de curage de nos torrents pour enlever l’excédent ». 

Entre 150.000 et 200.000 euros de travaux menés par le Département
 

Des intempéries qui ont un coût. Rien que pour le week-end dernier, ce sont entre 150.000 et 200.000 euros que le Département des Hautes-Alpes va devoir mettre sur la table pour venir en aide aux secteurs du Lautaret, de Vallouise-Pelvoux et du Valgaudemar. Un budget qui tombera à l’eau une nouvelle fois en cas de nouvelles crues, « ce sont des travaux d’urgence, pas des travaux définitifs. Il faudra revenir dessus à la fin de l’année », explique Marcel Cannat, vice-président en charge des routes. 

L’élu qui exprime un « ras-le-bol » et qui craint pour les comptes du Département, « On a eu la dissolution de l’Assemblée Nationale, mais si on continue, il va y avoir la dissolution du Plan Pluriannuel d’Investissement. Il faudra se demander ce qu’on enlève sur les solidarités, la mobilité, la culture ». Marcel Cannat qui n’hésite pas à dire que « l’heure est grave, à chaque fois que je passe dans le nord j’en ai les larmes aux yeux ». 

Notez qu’une motion a été votée à l’unanimité pour forcer l’Etat à la solidarité financière face aux crues, mais aussi pour revoir la loi sur l’eau et relancer le chantier d’une nouvelle loi Montagne. Contactée, la Région assure de son soutien au Département et aux communes sinistrées. 5 millions d'euros ont été votés en 2024 pour ces fonds d'urgence, ils seront répartis en fonction des dégâts et du montant des travaux. 

C. Cava Michard