Hautes-Alpes : vers une crise du logement sur le territoire ?

Hautes-Alpes : vers une crise du logement sur le territoire ?

SOCIÉTÉ / ÉCONOMIE / « La solution ça va être quoi ? Vivre dans une roulotte ? » interroge le Président de l’ADIL 04-05

 

- Hautes-Alpes -

 

Le CNR logement ne serait-il pas à la hauteur des enjeux ? C’est en tout cas le sentiment qui semble prédominer dans les Hautes-Alpes. Le 5 juin dernier, la première ministre Élisabeth Borne présentait les conclusions du Conseil National de la Refondation sur la thématique du logement. Malgré plusieurs mesures annoncées, c’est la déception qui domine…

Et les premiers à donner de la voix sont les premiers concernés. La Fédération du BTP des Hautes-Alpes monte au créneau. Celle qui représente 400 entreprises sur le territoire, soit 2.900 salariés, pointe des annonces du CNR logement « insuffisantes et déconnectées de la réalité ». Hausse des prix des matériaux, ou encore de l’énergie ont fait augmenter les coûts de construction rappelle Nicolas Chabrand, le Président du BTP 05. Dans le même temps, les taux d’intérêt sont eux aussi à la hausse, « aujourd’hui il est impossible d’acheter des logements notamment pour les primo accédants et c’est ce qui nous inquiète à la Fédération du Bâtiment des Hautes-Alpes ».

 

« Pour l’attractivité du territoire, il faut du logement et du logement abordable », N. Chabrand

 

Si l’activité est aujourd’hui « positive », ce sont « les perspectives sur le logement » qui inquiètent. La construction de logement neuf représente 30% de l’activité. Les annonces concernant le Prêt à Taux Zéro, prolongé jusqu’en 2027, mais avec de nouvelles conditions vont pour Nicolas Chabrand, « accroitre la fracture sociale ».

Lui aussi s’inquiète de cette fracture sociale. Le syndicat CFDT 05 dénonce « un manque d’ambition énorme » du CNR logement. Dans les Hautes-Alpes, il manquerait un millier de logements sociaux selon Patrick Prost de la CFDT, « c’est au regard des demandes formulées des différents bailleurs. C’est entre 1.700 et 2.000 demandes annuellement ».

 

« Les zones les plus impactées sont Gap et Briançon mais il y a aussi des bassins d’emplois comme Embrun, Laragne, Serres qui sont déficitaires », Patrick Prost

 

La question des DPE, pour Diagnostic de Performance Energétique complique aussi la donne selon Gérard Tenoux, Président de l’ADIL 04-05, Agence d’Information sur le Logement. À partir de 2034, les logements proposés à la location devront en effet être au moins classé D, « les délais sont beaucoup trop courts par rapport à la réalité, par rapport au contexte. Il va y avoir d’ici quelques années beaucoup de logements qui ne seront pas loués ».

 

« La solution ça va être quoi ? Vivre dans une roulotte ? »

 

Gérard Tenoux appelle à une prise de conscience générale, de tous les acteurs et à une intervention de l’État.

 

Le reportage d'Aurore Vallauri :